Si l’on s’intéresse au développement informatique et à ses métiers, on observe que les acteurs traditionnels, les grands groupes et les SSII, demeurent assez attachés aux diplômes. Ceux des écoles d’ingénieurs, idéalement. Le milieu des startups beaucoup moins. Une histoire de mentalité, sans doute, et de pragmatisme. Car comme le disait ce bon vieux Deng Xiaoping, "peu importe qu'un chat soit noir ou blanc, pourvu qu'il attrape les souris". Et pour concevoir une API, c’est pareil ! En effet, en startup, ce qui compte, c’est d’avancer ensemble, de construire et améliorer un produit dans lequel les équipes croient et auquel elles adhèrent. Le diplôme passe après. En somme, quand on est développeur autodidacte et qu’on souhaite rejoindre une startup, on ne dit pas que c’est facile, mais y’a moyen de moyenner.
Si l’on veut être encore plus optimiste, on pourrait ajouter que la tendance semble être à la "startupisation" (oups, c’est un barbarisme) des groupes plus traditionnels. On s’explique : de plus en plus de business units, autonomes et agiles, essaiment au sein de grands groupes pour plus d’innovation, plus de flexibilité, plus de réactivité. Ainsi, la culture startup se diffuse peu à peu chez ces acteurs traditionnels. Et on prend les paris : cette tendance va aller crescendo.
Passion pour l’informatique longtemps refoulée, envie de reconversion professionnelle, révélation mystique suite à un de vos rêves où s’ébrouaient 42 licornes, de plus en plus nombreuses sont les personnes qui entreprennent de changer de parcours pour apprendre à développer. Et, idéalement, en faire leur métier.
Devenir développeur ne s’improvise pas et demande une bonne dose d’investissement. Il faut être curieux, persévérant, rigoureux et débrouillard. Sans cela, c’est compliqué. La beauté de l’informatique, c’est que les choses évoluent sans cesse. N’est-ce-pas messieurs Angular2 et Swift ? Ainsi, les acquis d’aujourd’hui seront caducs dés demain si l’on ne se maintient pas à jour, si l’on ne continue pas à se former. En conséquence, il n’y a pas de mauvais moment pour se lancer et il n’est jamais trop tard pour rejoindre la danse.
La première étape consiste à apprendre les bases du développement. Pas la peine de vouloir se lancer dans dix langages simultanément : privilégiez la compréhension des principes de bases (le procédural, puis l’objet, puis les frameworks, etc.), la manière dont on construit un site statique, pour commencer. Le reste suivra. Bref, ne mettez pas la charrue avant les bœufs. Même charolais.
La bonne nouvelle est qu’il existe une multitude de canaux permettant de s’auto-former. Pour tous les langages et tous les niveaux, des livres existent. Ensuite, il y a le web où l’on trouve plein de choses utiles : des MOOC, comme ceux de Coursera, edX ou Udacity, et qui donnent souvent lieu à des certificats. En France, le fameux site OpenClassrooms fait référence et peut convenir même à des très débutants. On observe aussi la multiplication de plateformes d’apprentissage en ligne dédiées au développement web : CodeSchool, Codecademy et les plus ludiques Codingames ou CodeCombat, par exemple. Un développeur est quelqu’un qui sait où aller chercher l’info quand il est bloqué. Et cette info, elle est très probablement sur StackOverFlow, incontournable. Idem pour Github. Les communautés open-source y sont très actives et on y trouve une mine d’informations. Sinon, bien y’a Google également. Tout simplement. Apprendre un langage, c’est aussi lire sa documentation officielle et s’entrainer avec des exemples concrets, même simples. Il faut pratiquer, se tromper, recommencer, échanger, demander de l’aide, se re-tromper, etc.
On ne saurait trop vous conseiller d’échanger un maximum avec des développeurs plus expérimentés. Pour cela, de nombreux meetups existent, pour toutes les technologies : vous y rencontrerez des passionnés, des compagnons d’apprentissage, voire des mentors. C’est d’ailleurs là un conseil : se trouver un mentor plus capé permet d’accélérer grandement la courbe d’apprentissage.
L’autodidaxie peut être complète, si la motivation est là. Toutefois, il existe de plus en plus de structures qui proposent des formations, adaptées à des profils en reconversion, des curieux, etc. Si chacune a ses spécificités, on peut aller regarder du côté du Wagon (plutôt spécialisé sur Ruby), un coding bootcamp très pertinent. Sur un autre registre, on peut citer aussi la Wild School ou la 3W Academy. Evidemment, l’Ecole 42 de Xavier Niel est incontournable dans le paysage : pour s’inscrire, aucun diplôme n’est requis, quelque soit le parcours antérieur. Il suffit d’avoir entre 18 et 30 ans.
Ça y est, vous avez affiché votre premier "Hello world" ? Eh bien c’est gagné ! Ou pas tout à fait. Blague à part, même une fois leur apprentissage consistant et à un moment où ils pourraient être opérationnels donc employables, les profils autodidactes doivent surmonter quelques difficultés. En effet, ils sont moins lisibles sur le marché et les sociétés peuvent demeurer un peu plus frileuses au moment d’une embauche.
Autodidacte et sans diplôme dans le domaine, il devient encore plus important de pouvoir montrer ce sur quoi vous avez travaillé, même si ce sont de petits projets personnels. Cela justifie votre passion et crédibilise vos compétences. Un site personnel, des projets ou librairies open-source sur Github, une appli mobile déployée sur les stores, etc. Vous pouvez aussi participer à des hackathons, organisés très régulièrement. On insiste lourdement : moins vous avez d’expérience professionnelle et de diplômes, plus on regardera votre passion, vos réalisations personnelles, vos initiatives et tutti quanti.
Si le marché ne répond pas tout de suite, n’oubliez pas : l’apprentissage, donc la progression, sont constants. Un bon moyen de muscler un peu votre profil peut être de commencer à travailler comme freelance pour développer des projets concrets et constituer un portefeuille qui deviendra votre vitrine.