Avec plus de 1.700 entreprises recensées, la France possède le deuxième écosystème le plus dynamique en Europe dans le domaine des biotech, des medtech et de la e-santé.
20% des startups françaises au CES de Las Vegas de 2019 étaient des HealthTech. Depuis ⅔ ans, le nombre de start-ups dans l’industrie ne cesse de croître. Malgré les difficultés qu’elles peuvent rencontrer pour grandir et se financer, ces pépites incarnent une filière d’excellence pour la tech française.
L'excellence reconnue de la France dans le domaine médical, la qualité de la recherche clinique et académique, l'arrivée à maturité de certaines technologies comme l'intelligence artificielle, l'accès de plus en plus facilité aux données de santé et l'abaissement des barrières à l'entrée pour innover (baisse des coûts pour le hardware et le software notamment) aiguisent les appétits des entrepreneurs les plus ambitieux.
« Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à réaliser que les biotech et les MedTech créent de fortes barrières technologiques à l'entrée, que le marché se structure pour accueillir ces solutions, et que ces nouveaux traitements et dispositifs médicaux peuvent sur le long terme révolutionner la médecine donc devenir très rentables », précise Franck Mouthon, Président de France Biotech.
Les mentalités évoluent. Doctolib par exemple mène depuis plusieurs années un énorme travail d'évangélisation auprès des médecins sur la productivité et la santé de demain. Ces derniers sont maintenant en attente de solutions leur permettant de répondre à ces enjeux. Et des entrepreneurs aux profils hybrides, entre la science et le business, comme Christian Allouche (Gleamer), ont compris ces attentes et développent des solutions pour y répondre.
Les solutions mélangeant les sciences du vivant (biologie) et les technologies issues de diverses autres disciplines (physique, chimie, informatique...). Si la santé est le débouché majeur des biotech, notamment dans les domaines de l'oncologie, des maladies infectieuses et du système nerveux central, les solutions s'étendent à d'autres secteurs comme l'environnement, l'agriculture ou l'industrie. ImCheck (maladies du système immunitaire) ou encore Dynacure (nouveaux traitements pour les maladies rares ou orphelines) font partie des entreprises les plus prometteuses.
On désigne ici les entreprises qui développent des produits sur la base des nouvelles technologies. Les dispositifs médicaux de diagnostic (autotests, marqueurs tumoraux, réactifs de dosage...) représentent 28% des solutions medtech en France. Une dizaine de startups ont intégré la liste du French Tech 120, dont Lifen (mobilisation des données de santé et innovations les plus pertinentes pour le soin), Qare (téléconsultation médicale 7j/7) ou encore Keranova (équipement chirurgical robotisé pour les opérations de l'œil).
Également appelée « santé connectée », la e-santé désigne les nouveaux outils permettant au secteur de la santé de réaliser sa transformation numérique. Les dispositifs médicaux connectés comme les lecteurs de glycémie, le télé-monitoring des patients, la télémédecine, le diagnostic assisté par ordinateur, les thérapies digitales à base de réalité virtuelle par exemple, en font partie. Le marché français de la santé digitale était estimé à 2,7 milliards d'euros en 2014 et n’est pas loin d’atteindre les 4 milliards d'euros en 2020.
En 2017, 60% des établissements de santé avaient recours à l'IoT (internet des objets). La collecte des données s'est simplifiée. D'abord grâce à la digitalisation générale des différents systèmes mais aussi, avec l'arrivée de l'IoT.
Au bout de quelques temps, les acteurs du marché se sont dit qu'il faudrait utiliser cette data disponible et déjà numérisée à des fins médicales. Il faut dire que la santé est un champ d'application tout trouvé pour l'intelligence artificielle, par essence grosse consommatrice de data, et que de très nombreuses banques publiques de données médicales sont disponibles.
“Les analyses d’imagerie médicale : beaucoup de startups se sont lancées dedans, alors qu’il y a 5 ans personne n’en faisait”, Emmanuelle Martiano Rolland, COO et co-fondatrice d’Aqemia.
L’intelligence artificielle et la robotique, ce sont des applications numériques qui permettent (et permettront) d’améliorer la qualité des soins, le suivi des patients à distance, des solutions pour apaiser les malades souffrant d’Alzheimer ou pour aider les autistes à communiquer… Les idées se développent un peu partout.
Certaines startups intègrent l’IA au cœur de leur solution, comme par exemple Aqemia, qui développe une solution capable de trouver le médicament le plus adapté à un patient et d’anticiper ses effets. L’essor de l’application de l’IA donne de belles pistes pour proposer des molécules intéressantes et réduire les temps et coûts dépensés in vitro pour synthétiser et tester les molécules.
Cette révolution de la HealthTech se nourrit de multiples innovations de rupture issues de la Biotech, de la Medtech et de la Digital Tech. En France et partout dans le monde, des milliers d’entreprises explorent de nouvelles thérapies en s’appuyant sur les avancées dans le domaine de la biologie (immunothérapie, thérapie cellulaire, séquençage et édition de l’ADN…), des progrès en matière d’équipements médicaux (robots-chirurgiens, imagerie médicale, outils de diagnostic, nanotechnologies...) et des innovations multiples du numérique (Big Data, Internet des Objets, Impression 3D…).
Un des sujets au cœur de l’actualité avec la pandémie mondiale est bien sûr l’association entre l’IA et ce qu’on appelle le “drug discovery”. Secteur en plein développement. Dans le marché niche de recherche de molécules et recherche sur les essais cliniques, il y a encore peu d’acteurs. Le point bloquant ? Il faut avoir des données, beaucoup de données pour diriger l’intelligence artificielle. Sachant cela, on se pose alors deux questions : comment les réunir et comment les protéger. Les notions de propriété intellectuelle et de sécurité des données sont en jeu.
Il y a 5 ans, le secteur et les groupes pharmaceutiques pouvaient encore se passer de la technologie mais plus maintenant. Si on oublie d'intégrer les notions d’IA, ils vont perdre en crédibilité par rapport à la concurrence et surtout prendre un retard considérable en R&D.
Les chiffres montrent ainsi que la France, grâce à son expertise reconnue sur la recherche et à la présence de champions mondiaux de la santé, a une vraie carte à jouer en Europe. L'Hexagone est devenu en quelques années le deuxième écosystème HealthTech européen, juste derrière le Royaume-Uni. Les entreprises du secteur de la santé offrent aussi des perspectives de sortie meilleures que les autres branches de la tech.
Toutes ces innovations de la HealthTech permettront de répondre aux grands enjeux mondiaux de santé. Les cancers, responsables d’une mort sur six dans le monde aujourd’hui, représenteront 233 millions de nouveaux cas d’ici à 2030 selon l’OMS (oui, pas forcément une donnée réjouissante).
Sur le même horizon, l’allongement de l’espérance de vie de deux années supplémentaires dans les pays développés augmentera l’importance de vivre en bonne santé le plus longtemps possible. Par ailleurs, il reste à ce jour près de 7000 maladies rares dites orphelines pour lesquelles il n’existe pas encore – ou trop peu - de traitements adaptés.