Selon le cabinet de conseil Gartner, l’informatique est responsable de 2% des émissions de CO2 de la planète et ce chiffre connaît une croissance exponentielle. L’obécisielité (obésité des logiciels), l’augmentation du nombre de données traitées quotidiennement ainsi que le nombre toujours croissant de data centers sont les parfaites illustrations de la hausse conséquente de l’empreinte environnementale du numérique.
En 2017, Greenpeace avait d’ailleurs dénoncé plusieurs services numériques tels que Netflix, Amazon Vidéo ou encore HBO pour leurs mauvaises performances en termes d’empreinte environnementale.
L’éco-conception web est un processus qui consiste à réduire l’impact environnemental d’un service numérique tout au long de son cycle de vie (fabrication, installation, distribution, utilisation jusqu’à sa fin de vie).
L’objectif est de concevoir des services numériques moins énergivores et plus respectueux de l’environnement tout en conservant les performances du service ainsi que son esthétisme.
Nous avons interrogé Thierry Leboucq, fondateur de la plateforme GREENSPECTOR à ce sujet.
“ A mes yeux, le plus important et la première étape pour éco-concevoir un service numérique, c’est de s’interroger sur l'intérêt du service et de ses fonctionnalités.”
Selon Thierry Leboucq, pour éco-concevoir il faut se poser à chaque fois la question “est-ce que cette fonctionnalité est utile ?''. Il prend notamment comme exemple la fonctionnalité “carte” sur un site web avec laquelle on peut savoir comment se rendre au lieu indiqué. Si la réponse est non, alors vous augmentez la consommation de votre page. Le mieux est encore de la retirer.
L’objectif est donc de trouver le “bon niveau fonctionnel", soit le ratio entre l’utilité de la fonctionnalité et l'impact environnemental engendré.
La première chose à faire est donc d’éliminer les fonctionnalités non essentielles.
Selon Thierry Leboucq “Une grande partie des fonctionnalités d’un site ne sont jamais utilisées par les utilisateurs, car elles ne répondent pas à leurs besoins.”
Ensuite, il est important de faciliter l’expérience utilisateur. Plus on passe de temps sur un site, plus on augmente son empreinte environnementale. En répondant vite à la requête de son utilisateur, celui-ci va rester moins longtemps sur le site et donc réduire son empreinte. Il en va de même pour les sites e-commerce, en évitant un parcours d’achat trop complexe on limite également son empreinte environnementale.
Un point important : limiter l’utilisation de l'auto-complétion. Pourquoi ? Car il faut limiter le nombre d’aller-retours vers les serveurs pour avoir des propositions. Par exemple, ne commencez qu'après 3 caractères saisis, et puis tous les 3 ou 5 caractères avant de relancer une requête.
Pour aller plus loin : L’INR a publié un référentiel des bonnes pratiques de l’éco-conception.
Pour mesurer la sobriété numérique d’un site web ou d’une application, Greenspector propose sur son site internet la solution App Scan permettant d’évaluer les performances de son service numérique ainsi que son impact sur l'environnement.
Le code, selon la façon dont il est écrit, entraîne une consommation d'énergie différente, mais la plupart du temps, le code pollue. Alors, pour le rendre plus propre et plus respectueux de l'environnement, il existe une solution simple : le Green Code. Son objectif est de limiter l’utilisation des ressources du service numérique lors de son exécution (la phase d’usage dans le cycle de vie de celui-ci).
Quelques exemples d’actions à mettre en place pour un code plus “green”:
Selon Thierry Leboucq, il y une réelle prise de conscience sur la consommation des services numériques et de leurs impacts sur l’environnement. La situation est en train de changer et c’est une bonne nouvelle !
“Si on veut sauver la planète, il faut aussi tenir compte du numérique responsable”.
Du côté formation, certaines écoles comme l’ECV digital fait d’ores et déjà passer à ses étudiants en Master Développement Web et UX, une certification Green.IT “éco-conception et numérique responsable” avec des cours pour les y préparer.
L’ECV digital propose aussi une certification OPQUAST qui englobe certaines notions "responsables" quant aux bonnes pratiques web d’accessibilité. Dès septembre prochain, les questions de green code et de conception responsable vont occuper une place plus importante dans les programmes de tous ses étudiants.
De plus en plus de développeurs se mettent au green code et à l'éco-conception. Nous assistons à l’émergence d’un réel marché dans ce secteur, ce qui favorise le développement de ce type d'initiatives. Le numérique responsable est en plein essor et mériterait une plus grande visibilité !