Rome ne s’est pas faite en un jour, Montpellier non plus et le chemin est encore long. La « Surdouée » comme on l’a surnommée, en référence aux travaux majeurs menés par George Frêche dans les années 1980-90, est aujourd’hui au 1er rang français pour l’environnement des entreprises. Quels sont les déterminants de ce succès ?
De manière générale, les années 1960 marquent le début d’une transition de l’économie industrielle vers l’économie des services. À ce moment-là, Montpellier est en concurrence avec Toulouse, Nice et Grenoble pour accueillir le géant Américain IBM. Vous connaissez la suite, "On peut dire que c'est l'un des éléments du réveil de Montpellier" confie Jean-Paul VOLLE (proche de George Frêche) sur l’arrivée d’IBM à Montpellier en 1964. George Frêche va continuer le mouvement pour rendre la ville toujours plus attractive : projets immobiliers innovant, développement des transports... À l’image d’IBM, d’autres groupes suivront comme Dell, Intel, Ubisoft et plus récemment Alstom.
L’année 1987 marque le lancement de l’emblématique incubateur « Business Innovation Center (BIC) » qui sera élu vingt ans plus tard meilleur incubateur du monde. En 2014, la ville accroît sa visibilité en obtenant le Label French Tech, lui permettant ainsi de franchir une étape cruciale dans le monde entrepreneurial.
À taille égale (nb. habitants), Montpellier est aujourd’hui la première ville Française si l’on prend en compte le nombre d’installations d’entreprises (selon une étude KPMG). Cela s’explique par le développement d’un écosystème bienveillant et porté sur l’innovation. Pour rappel un écosystème au sens entrepreneurial « caractérise l’ensemble des activités qui se sont construites pour répondre à un marché donné, ainsi que la nature des relations que les multiples acteurs de ce marché ont tissé entre eux ». L’écosystème Montpellierain est donc constitué :
Occitanie Angels (association de Capitole Angels et Melies Business Angels) représente un collectif de 180 investisseurs répartis sur la région Occitanie. La ville est également très active à ce niveau là puisqu’elle organise chaque années le Montpellier Capital Risque, évènement permettant la rencontre entre fonds d’investissements et PME innovantes en recherche de fonds. Mention spéciale à happycrowdfunding, agence Montpelliéraine de conseils en financement participatif.
L’incontournable BIC qui fêtera ses 30 ans cette année, qui a accompagné plus de 650 projets depuis sa création et qui est à l’origine de plusieurs succès stories : Matooma, Chèque Santé, Teads, Aquafadas, Awox, Bime, SMAG et bien d’autres. Il est divisé en 3 sites : Cap Alpha, qui rassemble les startups spécialisées dans les secteurs biotech-cleantech-santé ; Cap Oméga, spécialisé dans les projets IT, et MIBI (Montpellier International Business Incubator) qui accueille les entreprises étrangères ou françaises tournées vers l’export.
D’autres incubateurs sont également à mentionner : Dell Center for Entrepreneurs, Incubateur du Languedoc-Roussillon (LRI), Innov’up (École des Mines), Incubateur Supagro, Incubateur Via Innovia, Alter’Incub,…
La ville de Montpellier est reconnue pour son investissement dans la recherche. Parmi les centres de recherche les plus connus : MedinCell (laboratoire Pharmaceutique), le LIRMM (Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier) ou encore le Centre de Recherche en Biologie cellulaire de Montpellier pour ne citer qu’eux. La ville dispose de plus 70 laboratoires répartis dans tous les secteurs, lui permettant d’être présente dans 7 des 9 réseaux thématiques de la French Tech : Healthtech, Edtech & Entertainment, IoT, Fintech, Security & Privacy, Sport et Foodtech.
Une faculté de médecine de renommée (la plus ancienne du monde encore en exercice), des formations type école de commerce (Montpellier Business School, le pôle Montpellier Mangagement, l’IAE, l’IDRAC), des formations d’ingénieurs (Up To, EPSI, Epitech, Polytech, Supinfo, Cesi, Digital Campus), sans oublier les formations spécifiques telles que l’animation et les jeux vidéo (l’ESMA, ArtFX ou Dwarf Academy).
La communauté d’entrepreneurs tend à se structurer de plus en plus. Le cluster Frenchsouth.digital qui regroupe la communauté des entreprises du numérique en Occitanie. Ce dernier intervient comme chef d’orchestre au sein de cet écosystème en fédérant les entrepreneurs de toute taille, augmentant les synergies avec les leaders économiques et technologiques, développant la coopération entre Startups, grands comptes et partenaires. D’autres groupements sont également à noter, comme le Labex Numev (solutions Numériques, Matérielles et Modélisation pour l’environnement et le vivant), le Pôle Optitec (fédère les acteurs de la photonique et de l'imagerie), Pix’LR (cluster des entreprises de la création numérique et du jeu vidéo), Push Start (association de professionnels et futurs professionnels du jeu vidéo).
Pour accélérer la croissance des startups de nombreux programmes sont mis en place, comme l’accélérateur Sprint by Numa soutenu par une dizaine d’entrepreneurs et de dirigeants ; le programme Start2you (programme collaboratif d’accélération) ou encore le programme StartupXchange qui permet chaque année à 10 entreprise de la French Tech Montpellier de d’aller rencontrer des grands groupes Américains à Austin (USA).
BigUp4Startup = évènement centré sur la mise en relation entre startups/pme et les grands groupes ; Digiworld Summit = conférence internationale sur le futur de l'économie numérique ; le Startup Weekend = Mutualiser les talents pour développer l’idée qui donnera naissance à une start-up ; Xtrem’Up = concours de pitch extrême et networking ; Un tramway nommé Start-up = Rencontres, Ateliers, Conférences, Tables rondes ou encore Start’up Lycée = fait vivre l'entreprise par l'expérience de création d'une startup en 48 heures dans son lycée. Au total, ce sont plus de 500 évènements qui sont organisés chaque année sur le thème de l’entreprise ou du numérique.
En plus des incubateurs, la ville a récemment mis à dispositions les locaux de l’ancienne mairie qui symbolisent le nouveau « totem » de la French Tech Montpellier. Ce bâtiment va servir à héberger les structures labellisées French Tech. De gros travaux sont également en cours un peu partout dans la ville : développement du quartier résidentiel Port Marianne, aménagement d’une rocade et développement du réseau tramway pour faciliter les déplacements…
Des projets pour être à la hauteur des enjeux de demain, comme le programme immobilier intelligent la Mantilla qui permettra de récolter un tas données diverses en continu (grâce à des milliers de capteurs énergétiques installés dans l’immeuble) et qui permettront ainsi d’amener de nouveaux services innovants.
Avec tous ces travaux entrepris, la ville espère gagner en attractivité. Elle a déjà été classée 4e ville Française où les Français aimeraient travailler par l’institut Great Place to Work. Elle se place juste derrière Toulouse, Nantes et Bordeaux qui conserve le titre de Great City to Work. Les critères pris en compte dans ce classement sont : la qualité de vie (climat, environnement, culture), l’équilibre vie pro-vie perso, le coût de l’immobilier, l’accessibilité & infrastructures et les opportunités d’emplois.
La tendance qui confirme cette information est la croissance démographique, la plus importante pour Montpellier à l’échelle nationale, +6200 hab./ans.
La Surdouée a fait beaucoup de chemin, « La visibilité s’est gagnée par la force du collectif, elle porte aujourd’hui ses fruits puisque les levées de fonds des startups montpelliéraines ont doublé, totalisant près de 100 millions d’euros en 2016 », mais rien n’est pour autant acquis. La communauté doit continuer à travailler l’attractivité et la visibilité de la ville pour attirer des projets innovants et investisseurs. Cette initiative est symbolisée par l’appellation Montpellier Métropole Numérique. Les enjeux qui ont été fixés sont les suivant :
Montpellier dispose donc d’une multitude d’atouts pour entrepreneurs, investisseurs et salariés. On pourrait les résumer en cinq points :