Avec près de 500 recrutements réalisés en un an (auprès de pure players, de startups et de grands groupes), nous avons identifié et analysé les évolutions des salaires des techniciens du web en rapport avec notre étude de l’année dernière.
L’étude a été réalisée grâce aux informations salariales inhérentes aux recrutements effectués, via Urban Linker, par des pure players, des agences web, des éditeurs de logiciels, des startups et des pôles digitaux de grands groupes. Les données collectées ont été pondérées dans une démarche qualificative et empirique, afin d’être le plus fidèles au marché qu’elles illustrent. L’analyse a été réalisée par les consultants seniors d’Urban Linker, experts des métiers techniques du digital.
Cette étude est une analyse quantitative et qualitative, fondée sur les recrutements réalisés avant le 30 juin 2018. Elle concerne exclusivement le secteur géographique de Paris / Ile-de-France.
Les chiffres relatifs aux rémunérations sont donnés en k€ brut/an.
La tendance claire de l’année passée se confirme : si nous menons toujours des recherches de profils d’AdminSys (en grande majorité orientés Linux) pour les acteurs que nous accompagnons, la demande continue de se raréfier. Et l’offre aussi ! Ces profils très focalisés sur l’installation, la configuration, le maintien et le monitoring des serveurs sont beaucoup moins présents dans l’écosystème startup que dans le passé pour une raison essentielle : la mouvance DevOps. Côté salaire, les différences avec l’année passée nous paraissent anecdotiques, les fourchettes se maintiennent grosso modo.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des startups que nous aidons à recruter possède une infrastructure cloud, très souvent chez Amazon (AWS), Google (Google Cloud Platform), voire Microsoft (Azure). Lors des douze derniers mois, il nous a d’ailleurs semblé que les services de Google connaissaient la plus grosse croissance, alors qu’Amazon était très largement majoritaire par le passé.
Les profils orientés DevOps que recherchent les startups, très souvent, conjuguent un bon background en développement back-end et des compétences sur la partie ops (gestion d’une infrastructure cloud, intégration continue, automatisation des tests et du déploiement, etc.) : cela explique que les salaires des profils DevOps sont sensiblement supérieurs à ceux des AdminSys.
Si cela ne constitue pas (encore ?) une réelle demande de la part des entreprises, il est à noter que nous avons eu récemment nos premières discussions autour de profils DevSecOps et DataOps, avec l’idée de mieux réunir le développement et l’ops avec, respectivement, les enjeux de sécurité et ceux du traitement de la donnée. Les failles de sécurité des derniers mois chez Yahoo et Uber, notamment, illustrent bien l’intérêt qu’ont les gros acteurs techs à intégrer la sécurité dans leurs cycles de développement.
Les niveaux de salaires des développeurs mobiles iOS et Android nous paraissent très semblables. Concernant les évolutions des salaires par rapport à l’année passée, nous observons que les fourchettes de salaire ont peu évolué mais que les salaires maximums, pour chaque niveau d’expérience, progressent.
Si Airbnb a choisi d’abandonner React Native, les startups avec qui nous travaillons sont de plus en plus nombreuses à privilégier la techno créée par Facebook pour développer leurs applications mobiles. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles ont déjà une web application en JavaScript – codée avec React en particulier. En effet, React Native est bien plus satisfaisante que les précédentes technologies hybrides (PhoneGap, ionic, etc.) et très adaptée au développement d’applications mobiles pour la majorité des entreprises que nous accompagnons. De plus, le recrutement est simplifié puisqu’un développeur JavaScript peut prendre en main React Native assez rapidement, tandis qu’il faut souvent deux ressources si l’on fait le choix de développer des applications iOS et Android natives.
Les demandes de développeurs qui ne codent qu’avec React Native demeurent rare : il s’agit bien plus souvent de recruter des développeurs JavaScript qui connaissent idéalement React et qui naviguent entre le front en React et l’appli mobile en React Native. Pour un développeur JavaScript, une bonne compétence React Native se valorise en revanche au niveau du salaire.
Si les demandes en Xamarin ou ionic ont disparu, React Native n’a pas supplanté les besoins de développeurs natifs. Nous avons mené de nombreuses recherches de développeurs iOS et Android cette année, notamment pour des postes de Lead Développeurs. Swift et Kotlin sont clairement devenus les langages les plus utilisés, respectivement pour iOS et Android. Rares sont les développeurs à (bien) maitriser les deux langages et les spécificités de chaque plateforme : les salaires augmentent en cas de double compétence.
Notons enfin l’arrivée de Flutter, le nouveau framework de développement d’applications mobiles présenté début 2018 par Google. Cette technologie, qui repose sur le langage Dart, devrait constituer la tendance à suivre pour les douze mois à venir.
Nous l’évoquions l’an dernier : le langage Go (ou Golang) commençait à faire parler de lui en production chez certaines entreprises. Le frémissement observé a pris une autre ampleur cette année. En effet, de plus en plus de startups l’utilisent dans toute ou partie de leur stack technologique.
Le langage est suivi par une communauté très active et séduit car il répond très bien à certaines problématiques techniques, notamment la gestion de la performance, des environnements à très fort trafic et le développement d’applications cloud.
En conséquence, nous recrutons de plus en plus de développeurs Go pour les startups. Évidemment, les profils à cumuler des années d’expérience dans ce langage sont très rares. Les demandes favorisent les profils qui conjuguent une connaissance d’un langages back-end réputé "proche" de Go, en particulier C et C++. La maitrise de Java est aussi valorisée, tout comme celle de certaines problématiques (multithread par exemple).
Nous avons encore un recul limité sur les fourchettes de salaire des développeurs Go. Nous constatons simplement que les profils sont essentiellement expérimentés, avec plusieurs années de développement back-end. Les profils juniors recrutés par les acteurs de l’écosystème nous semblent payés plutôt au-dessus de la moyenne. En effet, quelques acteurs majeurs de l’écosystème tech sont connus pour recruter beaucoup de développeurs Go et favorisent la hausse des salaires.
Java est éternel. S’il n’est sans doute pas le langage le plus utilisé par les startups, la communauté est immense et il demeure un choix qui répond bien à des nombreuses problématiques techniques. La demande est donc forte.
A noter qu’Oracle a annoncé récemment qu’il y aurait désormais un nouveau cycle de publications de versions de Java tous les six mois (Java 11 arrive). Cela posera peut-être la question des conditions de maintien des versions précédentes, notamment sur leur gratuité. Auquel cas, il pourrait y avoir un impact dans les choix techniques fait par certaines startups.
Quoiqu’il en soit, la bonne connaissance de Java présente aussi l’avantage de rassurer lorsque l’on recrute des profils techniques. Souvent, les CTO que nous accompagnons considèrent qu’un bon développeur Java code proprement et qu’il a théoriquement une bonne capacité à passer d’un langage à un autre. C’est enfin un langage que tous les diplômés d’école d’ingénieurs ont appréhendé durant leurs études, ce qui fait que la proportion de développeurs ingénieurs en Java est plus importante que dans certains autres langages.
Cette année, nous avons observé une légère hausse des salaires pour les profils les plus expérimentés. Les fourchettes de salaire pour les profils les plus juniors ont, elles, guère évolué.
Les technologies Microsoft sont historiquement moins répandues chez les acteurs que nous accompagnons, en majorité des startups. Toutefois, la tendance à l’open-source de Microsoft ces dernières années - symbolisée récemment par le rachat de Github - et le déploiement de nouvelles technos comme .NET Core séduisent un certain nombre de CTO et développeurs qui font le choix d’une stack Microsoft pour leurs projets.
Le recrutement nous semble toutefois compliqué : les profils juniors demeurent moins attirés par le fait de travailler sur ces technos et les profils expérimentés de bon niveau sont très sollicités : cela se traduit par des fourchettes de salaire en hausse cette année.
Le succès de Ruby, et en particulier de son framework Rails, ne se dément pas. Ruby on Rails (RoR) est toujours très largement utilisé par les startups parisiennes. Les avantages demeurent : le langage est plutôt accessible et flexible, il permet de bootstrapper très rapidement des projets web, il met en avant l’automatisation et la logique de tests, la communauté est large et active, etc.
Les demandes de recrutement de profils qui développent en Rails sont donc quasi quotidiennes. Toutefois, en dépit de formations en ligne (MOOCs) et de coding schools toujours plus nombreuses pour apprendre Ruby, le marché demeure très pénurique. Les salaires observés sont restés à peu près au niveau de ceux de l’an passé.
Par ailleurs, alors que nous entendions parler d’Elixir l’an dernier, parfois pour remplacer RoR, il est à noter que le langage est resté très confidentiel cette année.
La demande de profils Python ne se rétracte pas et continue d’être portée par la polyvalence du langage, utilisé pour construire des applications web comme pour gérer de la data grâce à son ensemble de bibliothèques dédiées à la gestion des statistiques et du machine learning.
Les frameworks de développement les plus répandus pour les projets web sont toujours Django, en premier lieu, puis Flask. Néanmoins, il nous semble que la proportion de profils Python orientés data a augmenté cette année, d’où le fait que nous ayons recruté plus de profils qui sortaient d’école d’ingénieurs, aux salaires un peu plus élevés.
Les développeurs PHP sont toujours les plus nombreux dans le monde du développement web que nous aidons à recruter au quotidien et la demande ne se tarit pas non plus. Parfois, le langage, considéré comme trop permissif (vs. Java par exemple) est mal perçu car, de l’avis de nombreux CTO, le niveau technique des développeurs PHP est très hétérogène. C’est probablement vrai. La conséquence est que les salaires peuvent beaucoup varier à niveau d’expérience égal.
Nous recrutons donc bon nombre de profils qui sortent d’étude / de formation et que certaines sociétés sont ravies de pouvoir former. Les salaires de ces profils juniors apparaissent donc légèrement moins élevés que pour d’autres langages. Les profils expérimentés, eux, sont tout aussi pénuriques que pour un autre langage et les salaires ont même légèrement augmenté cette année, notamment en cas de maitrise des principaux frameworks du marché.
Côtés tendances, alors que nous mentionnions l’expansion de Symfony3 dans l’écosystème l’an passé, cette année aura été celle de Symfony4. Particulièrement flexible et performant (surtout combiné à PHP7), il séduit et est sujet à une forte demande. Il va sans doute causer la disparition de son petit frère, le micro-framework Silex, qui sera redondant avec ce que propose la version 4 de Symfony et qui ne sera bientôt plus maintenu.
Laravel, dans sa version 5 aujourd’hui, est l’autre framework PHP ultra plébiscité par les startups. Avec Symfony, ils phagocytent à eux deux une très large partie du marché. En effet, Zend et Yii semblent avoir disparu des stacks technologiques utilisées par les entreprises. Quant à CakePHP, CodeIgniter et Phalcon, ils demeurent extrêmement rares à Paris – et pas forcément de bon choix quand il s’agit de recruter !
Comme l’an dernier, la demande de développeurs JavaScript est extrêmement forte dans l’écosystème. En effet, JavaScript est omniprésent côté front-end dans les startups, très souvent associé à un framework du marché. Grâce à Node, le back-end n’est pas en reste et de très nombreux acteurs continuent de faire le choix d’une stack technologique 100% JavaScript pour des raisons évidentes de commodité : uniformité, passage simplifié du front au back, mutualisation des ressources de développement. Cet effet est renforcé par l’explosion de React Native pour le développement d’applications mobiles !
D’un point de vue rémunération, l’étude empirique des recrutements effectués cette année nous a montré que les salaires avaient un peu augmenté pour les profils front-end, rattrapant en partie leur retard sur les profils fullstack qui, eux, ont stagné. La concurrence de Golang face à Node est de plus en plus forte, ce qui entraîne un léger tassement des demandes en Node et, peut-être, de l’augmentation des salaires. Côté front-end, les recruteurs sont de plus en plus exigeants et les développeurs de plus en plus compétents (nombreux projets personnels, apprentissage systématique de frameworks, etc.).
Évidemment, la maitrise d’un framework (React, Vue, Angular) est un plus qui se valorise. Toutefois, l’exigence est souvent plus forte encore concernant les évolutions récentes de JavaScript : les standards portés par ES7 et ES8 ainsi que la connaissance de TypeScript. Ce dernier langage, avec lequel JavaScript est pleinement compatible, contribue à rendre les applications front plus facilement débuggables et à coder plus proprement. Angular a d’ailleurs été recodé en TypeScript depuis sa version 2.
Dans l’univers des frameworks front de JavaScript, React a confirmé cette année son succès, en partie grâce à celui de React Native. Comme envisagé l’an passé, Vue a connu un très fort développement et les demandes de recrutement sont aujourd’hui nombreuses. C’est toujours le cas pour Angular aussi, actuellement dans sa version 6. Ember demeure un framework assez confidentiel dans l’écosystème startup parisien mais la demande n’est pas anecdotique, en particulier pour les acteurs avec une API en Rails, très compatible avec Ember.
Notons enfin que les compétences dans la programmation de Progressive Web Apps (PWA) sont aussi un atout d’un point de vue salaire.