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Étude de salaire Tech Ile-de-France 2020

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    Florent
  •  29.01.2020
  •  10 MIN

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L’écosystème digital en pleine guerre des talents

L’ancien secrétaire d’État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, déclarait en 2018 devant un parterre d’entrepreneurs de la French Tech que nous devions “cesser de parler de la nouvelle économie” quand nous évoquions l’écosystème digital. Puis, s’adressant aux entrepreneurs présents dans l’audience, il terminait ainsi : “aujourd’hui, vous êtes l’économie !”.

Cette intervention illustre parfaitement la transformation digitale que l’économie est en train de vivre depuis plusieurs années. A l’échelle européenne, l’écosystème startup français joue un rôle majeur dans cette dynamique. 

L’actuel secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, le dit sans ambage : “le premier goulet d’étranglement pour la croissance des entreprises du numérique françaises, c’est le recrutement”. Les initiatives destinées à résoudre cette problématique sont multiples. C’est par exemple devenu une des missions clés de France Digitale, la grande association du Numérique français.

En tant que cabinet de recrutement spécialisé dans cet écosystème, nous sommes témoins de la guerre des talents inhérente à cette digitalisation de l’économie. Elle concerne tous les postes sur lesquels nous intervenons : développement informatique, product management, sales et marketing.

Fondée sur notre travail quotidien et les recrutements que nous effectuons, cette étude des salaires propose une vision empirique des tendances de marché et des fourchettes de salaire observées pour les postes en startup et PME innovantes.
 

 

Développeur JavaScript (front, back et fullstack JS)

Les études Github de popularité des langages, tout comme l’index PYPL, nous montrent que JavaScript est devenu un langage incontournable à l’échelle globale. Il est suivi par une communauté très nombreuse et présente l’immense avantage de permettre de créer une application web de A à Z – grâce à ses nombreux frameworks et librairies front-end et au langage Node.js côté serveur. Il permet même de développer une app mobile avec React Native désormais (cf. le paragraphe Développeur mobile).
 
L’écosystème des startups à Paris ne déroge pas à cette tendance générale : nous menons énormément de recherches de développeurs JavaScript, qu’ils soient orientés front-end, back-end (avec Node.js donc) ou fullstack.
 
Dans les boîtes tech que nous accompagnons, le même trio de frameworks front continue de phagocyter le marché : Angular, React et Vue.js. Les autres nous semblent anecdotiques. Dans les startups, Angular est en déclin depuis plusieurs années et la tendance s’est confirmée en 2019. Les développeurs issus des gros éditeurs de logiciels et des ESN, en revanche, travaillent majoritairement avec Angular. C’est aussi un framework qui nous parait utilisé par des développeurs en moyenne plus expérimentés que React ou Vue.js. Ces deux derniers frameworks sont désormais quasi autant utilisés l’un que l’autre en startup, Vue.js ayant continué de rattraper son retard l’an passé. Il n’y a aucune différence de salaire en fonction des frameworks front en revanche.
 
A la lecture de nos données de 2019, la différence de salaires entre les développeurs front et ceux qui codent uniquement en Node.js nous semble très légère, mais pas insignifiante – en particulier pour les salaires des profils juniors. Nous remarquons aussi que lorsque les profils Node.js se seniorisent, il apparaît très rare qu’ils se cantonnent à la partie serveur d’une application web : ils deviennent fullstack.
 
Assez logiquement, la maîtrise de Node.js en plus d’un framework front favorise des salaires plus élevés que la moyenne. Du fait d’une demande très forte de la part des startups, les profils fullstack JS sont en effet parmi les plus pénuriques du marché tech. L’expertise d’un Lead fullstack peut facilement dépasser les 70k€ annuels.
 
Notons tout de même qu’une expertise purement front, à un niveau senior ou Lead développeur, est valorisée de la même manière que celle des profils fullstack. De nombreuses startups privilégient en effet le back-end au front-end dans un premier temps et ont ensuite besoin d’une solide compétence front pour rattraper le retard.
 
Enfin, les profils les plus pointus et les plus à jour sur le riche écosystème JS accèdent aux salaires les plus élevés. La maîtrise de TypeScript, Babel et des normes EcmaScript (ES6+) permet notamment de valoriser sa rémunération.
 

 

À surveiller en 2020 ? 

Nous pensons qu’il n’y aura pas de chamboulement parmi les frameworks JS les plus utilisés dans les startups. Ceci dit, si Ember.js que nous voyons (rarement) depuis quelques années n’a jamais percé, nous commençons à entendre parler de Svelte.js. Une techno à surveiller dans les mois à venir donc !

 

Développeur PHP

C’est le langage le plus communément choisi par les startups lorsqu’il s’agit de coder une web app. Il est relativement aisé à prendre en main, mature, performant et son écosystème est riche. La communauté de développeurs est aussi la plus peuplée à Paris, d’autant que Symfony est un framework français – créé par SensioLabs. Bref, c’est une techno parfaitement adaptée au développement web et rassurante lorsqu’il s’agit de recruter.
 
L’année dernière, ce sont encore des développeurs PHP que nous avons le plus recrutés pour les startups parisiennes. Les demandes visaient quasi exclusivement deux frameworks : Symfony et Laravel. Tous les autres sont très peu utilisés par nos clients. A noter que la tendance 2020 est à l’interopérabilité des frameworks de PHP. Cela signifie que le passage d’un framework à un autre pour un développeur sera simplifié – une bonne nouvelle pour le recrutement de profils !
 
L’analyse des salaires moyens des développeurs PHP est en trompe l’œil. Il existe certes un nombre important de développeurs sur le marché, ce qui rend ce dernier légèrement moins pénurique que d’autres. Mais le niveau technique moyen des développeurs PHP est très hétérogène, avec de fortes variations de salaires à niveau d’expérience égal. Ainsi, les rémunérations sont globalement moins élevées que pour la plupart des autres langages de notre étude. Toutefois, cette remarque devient fausse pour les profils qui proposent une expertise forte : maîtrise fine de Symfony ou Laravel, connaissances front-end, expérience de la forte volumétrie, expérience en production sur une appli SaaS ayant connu un fort scaling, compétences DevOps, expérience de tech lead d’une équipe, etc. Les salaires des meilleurs profils sont alors alignés avec ceux des autres technos.

 


 

Développeur Ruby

Systématiquement associé à son framework Rails, dont la version 6 est d’ailleurs sortie en 2019, Ruby continue d’être un choix très largement répandu dans le milieu des startups. Le langage est relativement accessible et il est parfaitement calibré pour le développement d’applications web. Il simplifie en effet les changements de cap, les itérations techniques et les pivots qui sont inhérents au développement d’un SaaS en startup.
 
De fait, les recherches de profils Ruby qui nous sont confiées sont très nombreuses. Le succès de ce langage dans l’écosystème tech parisien comporte un revers de médaille : la demande excède très largement l’offre et le marché est hautement pénurique.
 
En effet la communauté Ruby est très active mais très restreinte : estimée entre 2500 et 3000 développeurs sur Paris. Bon nombre d’entre eux se connaissent, se côtoient et les startups qui travaillent avec Ruby sont clairement identifiées. La pénurie est renforcée par le fait que beaucoup de profils préfèrent travailler en freelance. Cela rend le recrutement de développeurs en interne particulièrement difficile.
 
Certaines formations, comme Le Wagon, ont démocratisé l’apprentissage du langage auprès d’une population plus large, offrant ainsi un vrai apport de nouveaux talents sur le marché – notamment sur des positions juniors. Toutefois, la majorité des startups que nous aidons nous mandatent pour des postes de développeurs confirmés et préfèrent des ingénieurs qui ont suivi un cursus en informatique et qui présentent plus d’expérience en production. Nous recommandons aux candidats qui suivent un coding bootcamp type Le Wagon de profiter de leur première expérience pour monter en puissance auprès d’un tech Lead solide : production, best practices, etc.
 
La forte concurrence sur le marché favorise le recrutement de profils Ruby en remote (télétravail), plus souvent observé que pour d’autres technos. Elle induit aussi des fourchettes de salaire sensiblement plus élevées que les moyennes pour d’autres langages.

Développeur .NET

Malgré un mouvement vers l’open-source de plus en plus affirmé, les technologies Microsoft ne sont pas les plus répandues chez les acteurs de la tech que nous accompagnons. Peut-être la conséquence d’une certaine complexité de lecture du très divers écosystème Microsoft ?
 
Toutefois, les startups qui développent leur app sous Microsoft le font souvent avec la version .NET Core. Si les développeurs Microsoft demeurent nombreux au sein de certaines ESN ou dans des grands groupes, beaucoup d’entre eux ne sont pas forcément familiers avec le développement Microsoft orienté web : les profils qui maîtrisent .NET Core sont donc pénuriques et leurs salaires assez comparables à ce que nous observons pour d’autres langages web.
 
Les développeurs Microsoft qui occupent des postes de Lead nous apparaissent payés en moyenne 10k€ de plus que ceux considérés comme seniors.
 

 

À surveiller en 2020 ?

L’année passée, Microsoft a annoncé la sortie d’une version unique de .NET (.NET 5), prévue pour novembre, avec plusieurs améliorations à la clé, notamment en terme d’uniformisation des développements sous Microsoft. Il sera intéressant d’observer si cela booste l’attractivité du langage au sein de l’écosystème startup, ainsi que l’impact éventuel sur les salaires.

 

Développeur Java

Les avantages et la maturité de Java continuent d’en faire un langage extrêmement rassurant et répandu, associé à une communauté forte et des performances élevées. Toutefois, lorsqu’il s’agit du développement d’applications web, nous observons que ce n’est pas le langage le plus largement choisi par les sociétés que nous accompagnons, loin de là. En effet, la vitesse de développement n’est pas l’atout principal du langage, ce qui constitue un frein pour les startups qui ont souvent besoin de sortir rapidement une app.
 
A noter que la plupart des recherches de profils Java qui nous sont confiées ont une orientation fullstack : majoritairement Java/Angular.js et parfois Java/React.
 
Si le nombre de développeurs Java est plutôt important, beaucoup d’entre eux viennent d’ESN et/ou de grands groupes dans les secteurs de la banque et de l’assurance, par exemple. Il existe donc un certain décalage entre ces sociétés et les startups, que ce soit dans la culture d’entreprise ou la manière de travailler.
Aussi la compatibilité entre certains développeurs Java et les startups n’est-elle pas toujours évidente, ce qui complique les recherches.
 
Les salaires nous apparaissent globalement alignés avec ceux observés pour les autres langages de programmation. Selon les types de sociétés, les profils avec une expertise forte ou des rôles importants de Lead dépassent les 70k€ de salaire.
 

 

Développeur Python

Le langage Python est toujours autant utilisé par les ingénieurs data puisque les librairies scientifiques utilisées en data science sont souvent codées en Python. En revanche, si un nombre certain de startups continuent de développer leurs applications SaaS en utilisant Python et ses frameworks (majoritairement Django ou Flask), il nous a semblé que les demandes étaient moins nombreuses que les années précédentes. Cela s’explique en partie par la popularité croissante de certains autres langages back – nous pensons à Golang par exemple – et des performances pures un peu en-deçà de langages concurrents pour les applications web.
 
Pour autant, les recherches s’avèrent très compliquées et le marché franchement tendu dès lors qu’il s’agit de recruter des talents de bon niveau. Les fourchettes de salaires observées sont mêmes parmi les plus élevées des différents langages de notre étude tech.

 

Développeur Go

Le langage de Google est désormais bien installé dans le paysage tech parisien. Les startups pour qui nous recrutons nous mandatent de plus en plus souvent pour des recherches de développeurs Go, notamment pour faire face à de gros enjeux de performance (multithreading, connexions simultanées, pics de charge, etc.).
 
Les architectures sont aussi de plus en plus orientées micro-services. Cela favorise l’adoption de Go dans les stacks technologiques de certaines startups – dans des domaines tels que la FinTech ou les réseaux sociaux par exemple.
 
La communauté de développeurs Go demeure restreinte à Paris mais elle est en croissance et, si le langage ne plaît pas à tout le monde, il emporte une adhésion forte de la part de sa communauté.
 
Les profils juniors que nous recrutons pour travailler sur du Golang n’en ont souvent jamais fait en école, mais plutôt en stage et/ou en autodidacte. Le langage étant assez nouveau dans les environnements de production en startup, la plupart des profils expérimentés viennent de langages bas niveau comme C et C++ et sont passés sur Go en s’intéressant aux technos Google. Ils trouvent avec Go un langage très performant et plus aisé à prendre en main que C et C++.
 
Aujourd’hui, les profils juniors sont recrutés à des salaires comparables à ceux d’autres langages web. Certains rares développeurs présentent plusieurs années d’expérience en production sur Go, avec de forts enjeux techniques. Ces profils peuvent aisément atteindre 65k€ à 70k€ sur des postes seniors et/ou de Lead.

 

Développeur mobile (iOS / Android)

Il convient de préciser que nous n’avons pas analysé, dans cette étude, les salaires des développeurs qui conçoivent des applications mobiles hybrides, avec des technos telles que Ionic, Cordova ou PhoneGap. En effet, nous n’avions que trop peu de data sur ces profils car nous ne sommes quasiment jamais sollicités pour des recherches de ce type – sans doute parce que la demande est moindre et les compétences moins difficiles à trouver.
 
Les fourchettes de salaire indiquées concernent donc les développeurs d’applications mobiles natives, iOS et Android. Aujourd’hui, la quasi-totalité des startups utilisent les langages Swift pour iOS et Kotlin pour Android. Ces deux langages ont donc très largement remplacé Objective-C et Java pour Android.
 
Nous remarquons que les salaires des profils mobiles juniors sont en moyenne un peu moins élevés que ceux des développeurs dans la plupart des langages back-end. Cela s’explique par un marché légèrement moins tendu. En effet, les développeurs mobiles sont souvent des fan boys très passionnés et cherchent à travailler uniquement dans du développement d’applications mobiles, alors que le nombre d’offres est moins important. Sauf exceptions, les développeurs mobiles dans les startups sont effectivement moins nombreux que les développeurs web.
 
A mesure que les candidats gagnent en expérience, l’écart de salaire avec les autres langages web tend à disparaître. Quant à la double compétence iOS et Android, elle est un facteur qui favorise un salaire au-dessus de la moyenne.
 
 

À surveiller en 2020 ?

Nous évoquions déjà React Native lors de notre dernière étude de salaires. La tendance n’est donc pas toute nouvelle mais elle se confirme. De plus en plus de startups font le choix de cette techno aux performances proches de celles des applications mobiles natives, tout en se basant sur un code multi-plateformes. Son succès est incontestable dans l’écosystème tech mais nous avons encore trop peu de données pour établir des fourchettes de salaires que nous jugeons pertinentes. En revanche, il apparaît clair que c’est un des marchés les plus pénuriques que nous connaissons – peut-être même le plus pénurique pour les profils les plus confirmés. En effet, la techno est récente (2015) et les profils experts, très rares, font souvent le choix de travailler en freelance.
 
Enfin, si nous le mentionnions aussi lors de notre précédente étude de salaires, le framework Flutter – open-source, basé sur le langage Dart et sorti par Google en 2018 – n’a pas encore percé dans l’écosystème tech parisien. Gageons tout de même que la tendance devrait prendre de l’épaisseur cette année et devenir un concurrent sérieux de React Native.

 

DevOps

L’automatisation de la mise en production du code et, plus largement, l’industrialisation des environnements de développements sont des problématiques que toutes les startups connaissent en grandissant. Certaines d’entre elles privilégient la mise en place d’un environnement de production le plus clean possible dès le début du développement de leur produit. Dans la plupart des cas, néanmoins, la phase d’industrialisation se produit dans un second temps : c’est à ce moment qu’un (premier) profil DevOps est recherché.
 
La demande n’a pas faibli et la tension sur ces profils nous semble même s’être renforcée. Les candidats qui ont tout mis en place côté DevOps dans une startup en croissance sont particulièrement recherchés. Cela se valorise dans le positionnement salarial. De même, la maîtrise de certains outils et technologies a une influence positive sur le salaire : Docker, Kubernetes, Grafana, Prometheus ; la liste est longue !
 
Nos recrutements en 2019 dans l’écosystème startup nous indiquent que les profils DevOps sont parmi les salaires les plus élevés de la tech – notamment pour les Lead DevOps qui touchent en moyenne 8k€ de plus qu’un profil senior.

 

Ingenieur QA

En 2019, nous avons remarqué une augmentation significative du nombre de recherches et de recrutements d’ingénieurs QA pour nos clients. Les startups nous sont apparues plus demandeuses. C’est le signe d’une prise de conscience de l’importance de ce profil dans l’amélioration de la qualité d’une plateforme SaaS. Souvent, la demande concerne le recrutement d’un premier profil, expérimenté, pour structurer la démarche de tests et qualité en interne.
 
Le marché des profils QA nous semble présenter une forte dichotomie. Les profils de testeurs fonctionnels (manuels) sont assez peu pénuriques et les salaires significativement moins élevés que ceux des développeurs.
 
A l’inverse, les ingénieurs QA automaticiens (QA automation) sont extrêmement recherchés. Ils définissent les plans de tests et les mettent en place en utilisant des outils d’automatisation de tests. Selenium est un automate très utilisé par exemple. Nous observons que la connaissance d’outils dédiés à l’automatisation des tests mobiles (comme Appium) est rare et la demande forte.
 
Les fourchettes de salaires présentées dans cette étude concernent ces profils d’ingénieurs QA automaticiens. Elles sont comparables aux fourchettes observées pour les langages les plus recherchées du marché.
 
Il n’est pas rare de voir des Head of QA dépasser les 75k€ de salaire, avec la responsabilité de mettre en place une équipe QA dédiée.

 

Data Engineer / Data Scientist

Cela fait quelques années que les acteurs de la tech que nous accompagnons cherchent à recruter des data scientists. En revanche, ce n’est que plus récemment que l’écosystème s’est mis à chercher des profils de data engineers. Cette dernière année, nous avons observé une tendance nette dans le sens d’une augmentation du nombre de recherches de data engineers.
 
Plusieurs raisons nous semblent pouvoir expliquer cette tendance.
 
Une certaine confusion existait (et existe encore) quant à la définition du métier de data engineer. En effet, nombre de startups qui commençaient à avoir des enjeux sérieux autour de gros volume de données exprimaient spontanément la nécessité de recruter un data scientist. Parfois, le besoin réel était pourtant bien plus proche d’un profil de data engineer : un métier qui est beaucoup plus récent. C’est un ingénieur qui, via un tas de langages et d’outils, récolte, trie et homogénéise les données pour les mettre à disposition des data scientists. Des data scientists ont donc été recrutés trop tôt alors qu’il eût fallu embaucher les data engineers en amont. Il nous semble que le marché est désormais plus au clair quant au rôle de chacun et à la complémentarité de ces deux métiers.
 
Conséquence : la demande de data scientists demeure importante mais celle de data engineers a fortement augmenté. Cela crée une tension forte sur ces profils. Cette tension est confortée par le fait que les data engineers ont souvent des parcours académiques plus proches de ceux des développeurs (école d’ingénieur et/ou d’informatique) tandis que les data scientists sont plus nombreux à avoir des backgrounds orientés mathématiques appliquées, statistiques ou économétrie. Or, le delta entre l’offre et la demande est (un peu) moins important pour les dernières filières citées.
 
D’un point de vue des salaires néanmoins, nous n’avons pas observé de différence suffisamment significative pour en tirer des conclusions – à l’exception des salaires des data scientists travaillant ou issus du milieu de la recherche, généralement moins bien payés que leurs homologues du privé. Notons que les profils juniors jouissent des salaires les plus élevés de notre étude dans cette catégorie d’expérience. Naturellement, les profils expérimentés qui cumulent la double compétence peuvent prétendre à des salaires plus élevés, dépassant facilement les 100k€ annuels pour des postes de Head of Data par exemple.

 

CTO

Le Chief Technical Officer est le responsable de la tech au sein d’une startup, c’est un titre de poste qui peut facilement induire en erreur. En effet, derrière une même dénomination, il peut y avoir des écarts très importants entre plusieurs CTO en termes de rôle au sein de la startup, de taille de l’équipe technique gérée, d’années d’expérience et de rémunération.
 
Chez Urban Linker, nous recrutons des CTO de startups encore relativement early stage, qui commencent à accélérer et qui ont souvent besoin d’internaliser la tech –  gérée jusqu’alors par des freelances ou une agence par exemple. Le CTO recruté doit alors être un profil qui a des compétences proches de celles d’un lead développeur : une bonne capacité à faire des choix de technos et d’architecture, la capacité et la volonté de mettre encore les mains dans le code (il est hands-on), une expérience de lead technique auprès d’une équipe de développeurs. C’est d’ailleurs souvent l’évolution de carrière que recherche un tech lead. En fonction du niveau d’expérience du profil, les salaires peuvent alors osciller entre 65k€ et 90k€ annuels (i).
 
Lorsqu’une startup a connu une grosse phase d’accélération, avec une équipe technique déjà fournie et structurée, les enjeux pour un CTO ne sont plus les mêmes. En général, il ne code plus du tout - il est hands-off. Il est plutôt un manager qui apporte une vision macro à ses équipes et est garant du bon fonctionnement de la tech. Souvent, il est tourné vers l’extérieur (évangélisation, participation à des meetups, etc.), s’occupe du recrutement et participe à la stratégie de la startup – en lien avec les fondateurs, voire les investisseurs. Au sein de l’écosystème tech qui est notre cœur de métier, ces profils plus expérimentés sont payés en général entre 90k€ et 130k€ (ii). A noter que certains profils de très haut niveau, recrutés par certaines startups à très forte ambition, peuvent largement dépasser cette barrière des 130k€.
 
La distribution de parts de l’entreprise au sein du package salarial – très souvent sous forme de BSPCE – est fortement recommandée pour ces postes.
 

 

PO / PM

La demande est en constante évolution ces dernières années et nous sommes désormais aussi régulièrement mandatés pour des postes orientés produit que pour des postes techniques. Les salaires observés sont d’ailleurs très comparables à ceux des développeurs. Le marché est tel que de plus en plus d’outils d’automatisation apparaissent pour ces profils : l’idée est de simplifier le travail des “Product”. Nous pensons que la tendance va se poursuivre en 2020.
 
La différence entre le Product Owner (PO) et le Product Manager (PM) semble parfois floue. Régulièrement, les startups qui expriment le besoin d’avoir un profil qui sera dédié au développement du produit (web app SaaS, application mobile) dressent une liste de compétences et de tâches. Lorsqu’il s’agit de donner un titre à ce poste, les noms de PO ou de PM surgissent sans certitude sur ce qui les distingue vraiment.
 
De fait, PO et PM sont en général mis en avant comme un seul et même profil dans les études de salaire. Nous préférons quand même donner quelques explications sur les différences entre PO et PM ; explications issues de nos observations empiriques du marché.

Le Product Owner présente un profil plus junior et donc un rôle plus opérationnel, tandis que le Product Manager affiche une vision plus globale de la stratégie produit avec, parfois, le lead d’une équipe de PO. En conséquence, il peut y avoir des différences de salaire importantes - ce qu’il convient de garder à l’esprit à la lecture des fourchettes annoncées dans notre étude. Le fait d’avoir un background de développeur informatique et des compétences UX/UI sont des atouts pour se distinguer sur le marché et valoriser son salaire.
 
Bon nombre de startups voient la vision produit portée par un des co-fondateurs. Au moins dans un premier temps. Lorsque la société passe à l’échelle, il devient souvent nécessaire de recruter un Chief Product Officer (CPO) ou Head of Product, véritable pilier du développement du produit, qui travaille en collaborations étroite avec le.s (co)-fondateur.s. Une expérience entrepreneuriale est alors souvent demandée. Ces postes sont généralement rémunérés entre 70k€ et 90k€ annuels et, comme pour le CTO, l’intéressement à la valorisation de la startup via la distribution de BSPCE est courante.
 

 

UX /UI

Prenons de la hauteur sur ce profil en commençant par établir que les “purs UX” devront considérer la fourchette haute de l’étude et inversement pour les profils UI. Pourquoi ? Contrairement au marché UX en pénurie de bons candidats, le secteur UI est très concurrentiel. Un graphiste ou un infographiste peut se qualifier de UI et, dès lors, le salaire d’un junior peut commencer en dessous des 30k€ annuels - souvent autour de 27/28k€ d’ailleurs.

A noter également une différence de rémunération entre les startups, qui développent un produit type SaaS, et les agences. Ces dernières donnent l’opportunité de travailler sur des projets divers, qui sont plus souvent des sites web que des applications, mais proposent des salaires plus bas. Pour cette étude, nous nous sommes concentrés sur les placements dans les startups, qui la quasi totalité des recherches que nous menons.

Si vous avez la double compétence UX/UI, avec une vraie expertise sur la création d’interface et l’architecture de l’information, c’est un avantage indéniable en terme de rémunération. De plus en plus de profils UX conjuguent aussi leur compétence avec une partie intégration HTML/CSS, voire un peu de développement front pour animer l’app. On parle parfois de “creative technologists”.

En startup, les profils UI focalisés sur la créa des produits web et/ou mobiles, avec une vraie expertise sur le design d’applications SaaS sont parfois nommés “Product Designer”. Certaines compétences peuvent être particulièrement recherchées, comme le motion design par exemple.

A surveiller en 2020 ? La VR par exemple, qui a fait couler beaucoup d’encre l’année dernière. De nouvelles technologies viennent sans cesse inonder le marché et offrent aux consommateurs de nouvelles expériences. Si l’on veut s’adapter aux nouvelles habitudes clients, il faut une personne qui puisse rendre le produit ou service modulable. Et pour offrir une expérience unique, l’application devra être simple (minimaliste ?), responsive et, dans certains cas, ludique.

 

Notre méthodologie

Notre étude s’appuie sur l’ensemble des recrutements réalisés pour nos clients en 2019 en Ile-de-France, les recherches et entretiens menés par nos consultants spécialisés, ainsi que l’analyse précise de notre base de données.
Nous avons traité les données récoltées en tenant compte des écarts-types et des données aberrantes.
 
Les fourchettes de salaires proposées sont donc fondamentalement empiriques. Si elles nous paraissent illustrer le marché de manière cohérente, elles sont aussi purement indicatives et ne sauraient être utilisées comme référence lors d’une négociation salariale.
En effet, outre les critères que nous avons retenu pour notre étude (type de poste et niveau d’expérience), de nombreux autres paramètres entrent en jeu lorsqu’il s’agit de définir un salaire : secteur d’activité, type de société, phase de financement, background académique, dernière rémunération perçue, etc.

Les rémunérations sont exprimées en milliers d’euros (k€) et correspondent au brut annuel avec, le cas échéant, la partie variable attribuée pour le poste.
 
Dans cette étude, nous trouvons :
> une analyse de 500+ salaires répartis sur le secteur du Digital
> les grilles de rémunération par poste et par niveau d’expérience
> les métiers les plus recherchés
> les tendances marché d’un point de vue du recrutement

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